Bivouac et du 4×4
Selon Jérém c’est du 4×4.
Ah oui parce que on a fait une rando 4hs et un cross 4hs. C’est plutôt pas mal parce que du 1×1, 2×2, 3×3 c’est pas stable dans un terrain comme celui de Belledonne, et du 5×5 et plus c’est trop de roues, de marche et de vol !
Tout démarre comme d’hab avec une proposition bizarre de ma part et alors je me trouve tout seul. J’ai proposé WE Bivouac à Samoëns, avec une météo un peu venté pour samedi et nickel pour dimanche, mais justement ce coin là c’était abrité. Bon mon idée était que petits groupes fassent des trucs avec mêmes envies et puis se retrouver tous pour repas et bivouac en alpages, mais je pense que les gens ont compris autre chose ou ils sont tous déjà partis loin ce premier WE d’août.
Bref, je me suis reposé samedi car je ne vole plus tout seul en milieu d’aprèm dans ce type d’aérologie, d’ailleurs j’avoue que c’est dur cette auto-imposition, je me sens opprimé et dépendant.
Bref encore, maître Jérém m’appelle samedi en fin d’aprèm < “Je pars de Lyon vers les alpes” >. Oke ! demain ça plane !
Il s’offre un petit Montaud en randovol et arrive pour dîner à la maison vers 22hs, moi étant à Grenoble. On discute des envies et des plafs, je confesse que j’ai trop envie de voler en haut Belledonne, j’ai essayé de transiter depuis chartreuse deux fois et j’ai dû poser à St Genix. Oke mais on trouve une couche d’inversion à 2000 un peu partout, donc c’est mort pour presque toutes les transitions entre massifs. On se dit alors que seulement des vols en “local des massifs” est possible. Tiens on décolle en Belledonne au dessus de 2K et ça va envoyer ! Jérém propose le Grand Colon (2400m) en ouest. MP donnait ça :
Et l’émmagrame à 15hs :
Comme quoi bien compliqué en dessous de 2200m !
Pourtant en Grand Pic de Belledonne (3000m), quelque pics d’arrière notre déco, pas si mal !
Cool ! c’est mon opportunité de survoler ces majestueux sommets !!
Fini la paella, on part 23hs pour bivouaquer à l’attérro de l’aiguille (1750m) en Chamrousse. Une bonne route “pas raccourci” avec des panneaux “attention salamandres” nous fait rigoler, ça se voit qu’on est pas du coin.
J’ai pris un petit matelas et un sac couchage light (+15ºC) car demain c’est 10km et 1000 D+ à avaler, je veux optimiser le poids et tester mon sac portage light !
< Jérém, t’as pas un matelas ? > < oui regarde, j’ai un matelas vert > < ouais, un peu, voir très humide déjà > < c’est ça. >
J’ai mis la doudoune, les moufles dans le pieds, tout ce que j’avais, le secours comme oreiller et oui, j’ai eu bien froid de 4 à 7am.
Réveille 7h30 et Jérém qui crie < On est sur le petit déj ! > quoi ? laisse moi dormir ! le soleil commence à chauffer à peine ! et oui, on est sur un petit champ de myrtilles ! et elles sont toutes fraîches toutes délicieuses !
Ensuite j’attaque mon bon œuf dur au miel, on replie les affaires, sors les bâtons et hop en route 8h30 pour être au Grand Colon vers 12h30.
Une suuuuuper balade bien montagnarde !
On arrive au sommet, déco 5 étoiles, le temps de se sécher un peu, manger, sieste, le temps que les cicles de brise en face ouest se rapprochent, et hop on décolle 14h30.
Je contourne le sommet pour chopper une thermique qui part de l’arête sud et bim j’enroule de suite jusqu’à 2580 et c’est parti ! Jérém n’a pas choppé le bon cicle, gratte fort quelque mètres et demarre également sa balade par le bas des faces ouest vers le 7 Laux.
Je commence à prendre de la bonne hauteur et je me regale : les pics, parois, petites vallées, petits lacs de partout, glacier ! tout ça me tape dans les yeux, c’est ouf ! mais je garde un pourcentage pour analyser le relief el les petites brises dans tous les sens. Je garde en tout moment un col, une porte de sortie en finesse en chaque petite vallée que j’explore. Je ne suis plus en local d’un atterrissage, mais je suis en local de ces portes et je sais que après sortie il y a beaucoup de gaz pour aller chercher et se poser en grande vallée du Grési.
Je sors en radio : < Jérém tu es où !? Moi à 3200 au pic de Belledonne !! > < Super ! j’arrive au 7 Laux moi ! > < D’acc j’essaie de venir ! >
Petit 360 (-20m) pour faire la vue au sommet :
Je parcours les crêtes et je vois une harde d’un dizaine de bouquetins se balader dans les pentes raides, j’hallucine, c’est sauvage !
Ensuite une grosse transition ou continuer la crête mais elle descend vers le col de la Coche et remonte vers un fond de vallée, c’est le Dent du Pra ! Je prends cette deuxième, je tente bien me refaire en face ouest au fond de la vallée mais pas grand chose. Tant pis, je prends ma dernière réserve pour sortir en finesse dégradée par la brise pas négligeable que rentre dans cette vallée. Je vis l’autre face de la vallée, là où ça devrai être la limite de une zone sous le vent. Vu les turbulences que j’ai subi, je suis bien mordu la limite quelque mètres. Je lâche le barreau, je préfère bien piloter aux commandes et m’écarter plus au vent. De suite je passe au vent et je me colle pour profiter du gradient de pente et mieux avancer. Je suis sûr que une centaine de mètres en avant la brise sera plus montante, même pas besoin de remettre l’accél. Dans la pente alpine que je m’appuie, un chien de garde de troupeau m’aboie à mort, il me déteste. T’inquiète ma bête, suis pas un loup, je me casse.
Je suis maintenant arrivé au 7 Laux ! Mais autour de 1900, ça monte que dalle ! J’essaie différentes arêtes, je galère, j’avance quand même vers une pente raide bien exposée, c’est la remontée Pipay. En arrivant, hop Jérém qui apparaît plus haut, fait du dynamique et commence à enrouler, yes ! ça confirme ! j’arrive ! …du coup je fais pareil et nous voilà commençons le retour ensemble vers Chamrousse, gogogo !
Au retour cette fois-ci pour moi plus par le “dehors” du massif, je me promène le long de falaises qui me font répéter waaaaww à chaque fois, je m’éclate ! je savais pas mais j’étais en train de collecter des tickets pour une grosse catapulte, sur la fin d’une falaise bum ! j’enroule fort et je prends 450m en moins de 5min, ça me laisse à 2600, bien au dessus de la couche de merde ! Une voile bien allongée a tourné avec moi, elle a demarré quelque mètres en dessous de moi et j’ai pu voir comment sa voile se torsadait dans tous le sens, ça m’a étonné ! Après je pense il a bien centré et en face à moi. À chaque tour il gagnait quelque mètres de plus par rapport à moi et fini par me dépasser ! Peu importe, je préfère bien ma B tranquille ici.
Le reste du retour se passe bien dans de bonnes thermiques :
Malgré des parcours un peu différents encore d’ici là, on arrive au même temps à Chamrousse et on posse au même instant ! Trôp drôle la synchro !
On descend maintenant en voiture, je fais le bilan dans ma tête, et je dis à mon pote < Pas mon vol le plus long, pas le plus haut, pas le plus fumant, pas le plus engagé, pas le plus en distance, mais pour l’ambiance et tout dans l’ensemble, ÇA a été le meilleur vol de ma vie. >
Lucas (que en Argentine se prononce “Loucasse” et non pas “Luca” 😉
Et la simu 3D avec l’ensemble c’est chouette ^^ !