X-Bauge et la Tome de Mont Derrière, avec un seul m

Les membres du club sont bien déconfinés ce mois et les sorties se multiplient. Un petit retour sur le dernier weekend, racontés par plusieurs personnes.

Un rendez vous est pris pour les premiers dès le vendredi à Annecy.

Bivouac à Doussard, un peu la flemme de trouver un endroit planqué, un coin de l’attéro fera très bien l’affaire. Quelques discussions sur les projets du lendemain, la thématique est lancée, ce sera un weekend X-Bauges ! L’idée est de faire un petit tour des Bauges avec l’option 1  marche et vol ou l’option 2 camion. Demain soir on se retrouve à La Compote au pied du Colombier pour enchaîner le vol rando dimanche matin.

La version de JB:

Dès le réveil les forces en présence sont au top. Romuald et Amélie sortent de leur pullman roulant, frais et reposés. Et nous de nos duvets, bien plus chiffonnés de la face. Le ministre de la planification n’a pas encore été nommé. Mais il flotte dans l’air un charisme collectif impressionnant.

Le plan est clair : laisser les voitures à l’attero de doussard et marcher vers la montagne de Simon. Non, avancer en voiture et se regrouper autour du vélo. Non, monter à pied, voler et aller vers le colombier. Non…

Bon après un bref échange de 2 heures, la stratégie est la suivante : on décolle et puis on voit.

Montée à pied vers le déco d’Entrevernes.

 

Aussi grand qu’une voile avec 20cm de marge de chaque côté. Jerem se lance. C’est « the day » de la reprise, après plusieurs mois d’abstinence. Il parvient rapidement à rejoindre le roc des bœufs. Merde, par où il est passé…? J’aurais du regarder. Et prendre ma radio aussi.

Julieta tente par le bas de la crête mais se fait appuyer dans la vallée. Je tente 2 fois la traversée mais je finis aussi au sol. Déjà 11h. Vite, Me dépêcher. Faudrait pas les faire attendre. Je rejoins le col de la frasse au pas de course. Magnifique

Le vol d’Amélie:

Pour moi c’était mon vol de reprise. Finalement j’ai décollé assez tard vers 12h avec un atterrissage quelques minutes après, dans une aérologie qui commençait à être tonique pour moi. La brise du lac s’était installée. Beaucoup d’appréhension au décollage mais beaucoup de sérénité en l’air et de la concentration à l’atterrissage. Au final je suis bien heureuse d’avoir décollée 😀

JB – suite :

16h45. Les voilà déjà

La fière équipe (Julieta Jerem Simon et Pascal) est gonflée à bloc, prête à plonger vers Mont derrière. On se demande comment autant de bois peut tenir dans un si petit espace !

Mais il faut déjà repartir. Un sacré coup de cul (décidément !!) nous attend pour un espérer encore un deco qui nous ramènerait vers l’apéro.

Jérém:

En sortant de Mont Derrière, la pente est raide et les jambes sont dures. Nous laissons toutefois les grosses bûches sur place pour prendre de la hauteur dré dans le pentu. Nous glissons sur cette dernière butte, le cerveau plein d’images merveilleuses des paysages observés et le verbe plein de jeu de mots faciles sur les localités traversées.

La fatigue aidant ces images s’estompent au profit d’envies plus primaires. La soif nous inspire des odes à la gloire des breuvages les plus houblonnés possibles, en quantité déraisonnable mais issus de la production locale. Notre guide veille au grain. Alors que le coup de rein est sur le point de finir, le Dieu des Bauges avec un seul D, place sur notre voie un messager au nom évocateur. Dieu aussi est un alcoolique et sais que demain sera une grande journée de vol.

Cet individu dont le comportement rappelle qu’il est bientôt 18h et que le lait de la ferme sert seulement à faire du fromage, nous accueille. Zeph, tel est son nom, étanche notre soif d’histoires rocambolesques des Bauges et de bière basique mais pas des Bauges. Nous achetons des tomes avec un seul M pour mieux affirmer que notre seul motif d’arrêt dans cette délicieuse fermette était seulement de faire une thèse sur l’apport des vaches à lunettes sur la fabrication des fromages à pâte pressée non cuite.

Ayant bien écouté notre nouvel ami, nous devons aussi suivre notre destin d’oiseaux pour prouver que nous ne sommes pas des imposteurs. Secrètement nous rêvons également de survoler Mont Derrière. Zeph s’assoit sur le gros rocher au milieu du champ ou nous déplions nos ailes. Sous le vent de la brise du lac. Sous l’emprise d’un état alcoolique. Nous savons qu’un bivouac monstrueux nous attend. Tout le monde y sera et c’est bien ce qui compte !

Today is a good day !
Simon claque 60 balles à 8h du mat dans des produits bios.

Today is a good day !
Nous partons direct du bivouac à pied pour une grosse rando.

Today is a good day !
Au sommet du Semnoz on fait des putains de photos.

Today is a good day !
On a réfléchit mais on a trouvé le meilleur déco.

Today is a good day !
Les nuages dans le ciel sont déjà hauts.

Today is a good day !
Au plus vite décollé, au plus c’est beau.

Today is a good day !
C’est bizarre, ça dérive à gogo.

Today is a good day !
Bon ok je vise l’attéro.

Et je prie Dieu avec un seul D.

Le bivouac vu par Claire:

Je sens qu’il est temps de chercher un endroit où se poser. On a vu un joli champ plat pas loin du col de Leschaux, pas d’habitation, juste une grange. Ça pourrait faire un joli spot de bivouac ?

Les copains ne sont pas encore tous arrivés, coincés en haut de la montagne. Je repère un autre champ pour caler les enfants, le temps de préparer le repas. Ils sont bien en forme, ils courent partout, Corentin est super content de partir avec Jerem et la radio faire le parapentiste.

Les copains ont enfin été récupérés, on se dirige vers le bivouac, on s’installe rapidement. 1er bivouac de leur vie, ils sont super contents d’être en camping, de voir la nature après le déconfinement ! ils vérifient que je ne bois pas trop et hop ils vont se coucher, enfin presque à quelques aller retour près pour profiter de l’ambiance.

3ème jour, montée directe au Semnoz avec la même équipe + du sang frais, notamment Camille, qui vit ses premiers vols en tant que passagère.

 

Première fois pour une niçoise avec les Volants lyonnais (déjà là, on se doute que ce ne sera pas le récit d’une balade hebdomadaire au marché du dimanche matin). Un seul souvenir de ce week-end, c’est difficile à trouver, j’ai finalement opté pour mes premières impressions au milieu de ces gens qu’on appelle “volants”.

Arrivée dans un champs où un bivouac s’installe à la tombée de la nuit. Je rencontre tout le monde, ambiance sympa, les enfants sont de la partie, on se partage un petit apéro tous ensemble. J’entends parler d’un certain Mont Derrière, d’une tomme ramenée de chez des montagnards légèrement alcoolisés, d’un “plan” bien organisé pour le lendemain (ça fait rire tout le monde, je comprendrai plus tard pourquoi, en tout cas moi, sur le moment ça me rassure !). Il est temps de se coucher, apparemment, grosse journée demain.

Après une nuit plutôt confortable (il faut dire que niveau bivouac, mon dernier remonte à une dizaine d’années, après une soirée où je ne me souviens plus de grand chose) réveil avec le chant des oiseaux. Petit café, viennoiseries de la boulangerie (la classe ! Les copains sont peut-être plus “à la cool” que je ne les imaginais ?), on part pour la rando. 600m de dénivelé (Ah oui quand-même !), tout le monde est sur un bon rythme, je culpabilise un peu de faire attendre le groupe, mais on me motive et on me rassure ! Sympas, les gars !

Arrivée en haut du Semnoz : ouaouuuu la vue !!! Ils cherchent un déco mieux que l’officiel (pourquoi ? Mystère de volants… je suis encore trop novice pour comprendre !). Il est tout trouvé, et chacun notre tour, on décolle… je garde en tête l’image de toutes ces voiles dans le ciel. Magnifique.

Vol de 2h30 pour nous, en bi-place, lac d’Annecy, montée à 2000m, ce n’est pas très détaillé mais ce que je retiens : vue de dingue, sensations tellement fortes que j’en ai été incapable de filmer ! On croise parfois des copains volants, on n’est pas toujours certains de reconnaître les autres… peu importe, d’une certaine manière, on partage ça tous ensemble là-haut !

Chacun fait son petit trip, on se retrouve le soir et on débriefe… certains sont déjà repartis, les autres se réunissent autour de l’apéro. Et on retrouve la bonne humeur, avec un petit Génépi et, bien-sûr, la tomme de Mont Derrière…

La vision Julieta:

Dernière à apporter des histoires à cette histoire, je crois que ça va être challenging. Déjà je n’ai pas dessiné un coeur en l’air, je n’ai pas d’enfants pour leur faire vivre leur premier bivouac, je n’ai pas atterri à Doussard juste parce que c’était prévu comme ça, et je n’ai pas non plus le bocavulaire, on dit vocabulaire déjà, pour rédiger el mio cid du weekend. Du coup je me dis que je vais rester humble, et que je voudrais faire ressortir des toutes petites anecdotes ou conclusions qui ont été intéressantes pendant ce cross mondial mais qui ont quand même contribué à construire cette aventure précieuse et profonde autour de Mont Derrière.

Les oiseaux hurlent pendant la nuit. C’est un phénomène musical qu’on pourrait considérer joli si on est à La Guillotière. Sauf qu’au milieu des Bauges, avec un seul D, on trouve pas d’explication. Contents tous de dormir en bivouac mais moins contents tous de voir nos rêves interrompus par ces volailles. Que pensaient-elles de nous pendant notre petit apéro tranquille à dix?

On a perdu la pudeur entre nous. C’est vrai qu’on se baigne tous nus devant tous, nous. C’est une catastrophe ça. Il faut arrêter de trouver des rivières avec ces gens là.

On a petit-déjeuné des pains au chocolat. Camille l’a bien remarqué, et d’ailleurs elle était étonné, c’est méchant! Mais c’est vrai que ça n’arrive presque jamais. Déjà on a mangé, ça c’est une nouvelle.

La douche n’est pas une priorité de cette équipe. Tous les soirs Romu et Amélié veillaient à trouver un coin sympa et avec douche pour le bivouac. Mais il faut reconnaître que dans ce bataillon il y a eu un seul obsédé par la douche. En fait, il faut bien l’expliciter, il est passionné par la construction d’une douche. Oui, c’est ça. Moi personnellement je ne l’ai jamais vu faire des bulles sur sa tête. Romu, quelle sera ta prochaine conception douche bio locale 3.0?

Une dame qui est née à Mont Derrière connaît Mont Derrière mieux que personne. En même temps qu’on arrivait au merveilleux patelin de Mont Derrière, on descendait au pas de Mme. Mont Derrière. Avec ses mains pleines de fleurs, elle nous racontait que son mari avait la ferme de là-haut et qu’elle connaissait tous les coins de Mont Derrière. Mont Devant? Jamais! Elle a fait le Trélod huit cent trente deux fois, un seul renoncement.

Corentin est aussi fort que Alice en lancement des noyaux de cerises. Nous avons tous été aller chercher au fond de nous un jeux pour Corice et Alentin. J’étais aux toilettes et dès que j’arrive je visualise une marque limite par terre à partir de laquelle il fallait absolument cracher le noyau, marque indiquée par la nouvelle jambe droite de Jérémie. Ensuite, un assistant des mesures nanométriques. Et Claire qui rangeait la tente.

Un grand exemple d’adaptation. La chose la plus importante que je retiens c’est la capacité et la bonne volonté de tous, mais tous: volant, carnivore, aimant du dénivelé, maman, non volant, roulant, marcheur, enfant; de s’adapter à la présence des autres et aux différents modes que chacun avait choisi pour se joindre à cette aventure. C’était une aventure perméable, avec des objectifs techniques qu’on n’était pas sûr d’atteindre, mais avec des objectifs logistiques qu’il fallait absolument atteindre. Ce soir, tout le monde rejoint le bivouac là. Peu importait comment tu faisais pour y arriver. Seul, en binôme, en traversant l’air, la vallée ou la montagne. Je veux insister sur la super bonne communication et adaptabilité de tous. Ça a permis de tester cette nouvelle façon de faire du parapente entre amis.

On ne parle pas de parapente dans un weekend parapente. Heureusement je veux dire, on ne parle pas de parapente. On échange sur les vols, les élections des meilleurs décos, les analyses des conditions, tout ça bien sûr. Mais nos conversations pendant les montées et apéros sont riches, d’abord en conneries, et puis en réflexions sur la vie. J’adore.

Nous sommes privilégiés. On vole. Nous nous retrouvons tous ensemble en l’air. Combien des personnes dans le monde ont la possibilité de vivre ça? Nous sommes des explorateurs. Nous explorons des nouveaux itinéraires, des pains bio des tous les coins, des jardins privés pour dormir, des tommes avec différentes quantités de M. Nous sommes très privilégiés et je suis très contente de vivre cette expérience avec vous les torchons. Torchinettes, torchons bio pour que ça sorte par radio. Tu m’as reçu?

Amélie:

Un souvenir de ce we ? Difficile de choisir… Un super we entre parapotes en mode bivouac confort pour nous. Mais avec le recul un bivouac avec les croissants et le pain frais tous les matins vous en connaissez beaucoup ? C’était quand même la classe.

BIvouac du dimanche avant de nouveaux vols à Verel lundi

 

Auteurs : Julieta, JB, Amélie, Claire, Camille, Jérém et Simon pour la mise en page