SIV Club – 3-4 Mai 2025
Cette année Gaël a pris l’excellente initiative d’organiser un stage simulation d’incident en vol (SIV) réservé aux membres du club. Comme pour tous les stages club, il faut s’y prendre tôt pour l’organisation – avant que les écoles publient leurs calendriers pour l’année – en l’occurrence début novembre. L’avantage c’est qu’on peut bénéficier d’une (modeste) réduction et qu’on vole avec des membres du club qu’on connait déjà au moins pour certains et du coup l’ambiance et la cohésion du groupe est bien meilleure dès le départ.
Le choix de l’école s’est fait sur Way Up de part l’expérience de Gaël qui a déjà testé plusieurs écoles et je dois dire que c’était un excellent choix: Ambiance à la fois détendue et rigoureuse, beaucoup d’écoute et de bienveillance, une grande souplesse dans le choix des exercices et de la pugnacité pour s’adapter aux conditions météo compliquées et nous faire voler au maximum. Pierre au décollage / navette / logistique est au top: vérification systématique de tous les secours en début de stage, gestion des déco à la forclaz malgré l’affluence avec un double check de la prévol, le petit mot pour me rassurer au déco alors que je flippe à cause du vent travers et bien sûr la gestion des sandwichs / glaces / boissons / tartes aux framboises pour tous le groupe!
Nico au guidage est aussi excellent: voix calme et posée, guidage juste ce qu’il faut sans téléguider en laissant le plus d’initiative possible. Et en plus il fait des compliments quand c’est bon! Il nous a également fait profiter des ses grandes compétences sur le matériel et la théorie lorsqu’on attendait l’amélioration de la météo. Un excellent débrief vidéo en fin de journée alors même qu’elle a été très longue du fait des aléas météo! Franchement chapeau!
Nous étions 8 : Gaël, Thibault, JB, Jean-Marc, Alex, Thomas G., Edouard et moi (Christophe) avec des niveaux et des attentes très différents: du premier SIV pour Edouard et moi avec donc un objectif sécurité et découverte des exercices jusqu’à Gaël dont c’était le 4ème SIV avec pour objectif d’améliorer sa maîtrise des exos d’accro (parachutales, start hélico, misty). Pour Jean-Marc c’était le deuxième stage avec la même voile mais changement de sellette avec cette fois-ci une sellette cocon. Pour Thibault, changement de voile et de sellette : avec une deux-ligne allongée, l’apprentissage du décro est nécessaire pour gérer les grosses cravates. Thomas voulait perfectionner les décro en anticipation d’un passage en deux lignes.

On a bien cru que ça allait être annulé, la météo était vraiment indécise, selon les modèles et les moments, soit ça pleuvait tout le week-end soit ça volait tout le temps. 15 jours avant le stage, Nico a créé le groupe whatsApp avec toutes les infos logistiques et des liens vers des documents pour préparer notre stage: slides de son briefing, tableau de résumé des exercices et de la logique de progression, lien vers un site d’évaluation de son niveau…
Trois jours avant, au vu de l’incertitude des prévisions, Nico nous met un sondage pour savoir si on maintient quand même s’il n’y a qu’un jour de volable au lieu de deux: toute la team est à bloc: unanimité pour maintenir quand même. Le lendemain, le moral fléchi et on s’interroge sur le groupe: maintiendra, annulera? Nico nous fait un point météo et remonte le moral de tout le monde avec une prévision de 75% d’avoir une vraie journée. Au final on se retrouve tous au briefing le samedi à 7h du mat.

On se présente, on check le matériel, on fait le programme de la journée, j’argumente que je suis pas fan de l’exercice de tangage vu que ça m’a déjà donné par le passé de mauvais réflexes de réaction à contre-temps et que je préfère travailler le tangage avec des virages engagés pour générer une ressource comme on le fait chez prévol. Nico est très à l’écoute et s’adapte: pas de tangage pour moi et j’attaquerai direct sur virage sortie chandelle… puis on attend – le vent n’est pas bon au déco. Nico en profite pour nous rassurer: très peu de cas de baignade forcée chez lui et il nous briefe sur la récupération au vol dans le bateau: si on doit aller à l’eau soit qu’on soit sous secours soit qu’on soit sous notre aile (par exemple trop bas pour rentrer à l’attéro), il arrive souvent à nous récupérer en nous faisant atterrir dans le bateau. Quelques consignes à respecter tout de même: ne pas s’occuper de la voile et en particulier ne pas la freiner au risque qu’elle nous tire en dehors du bateau. Si on est encore en vol, bien essayer de se mettre face au vent. Ne s’occuper que de se cramponner au bateau dès qu’on est posé.
On patiente, on discute. Enfin, en fin de matinée, ça semble s’améliorer et on monte au déco. Le vent est franchement travers, pas régulier, beaucoup de monde au déco mais peu de voiles qui se lancent et des décos compliqués pour les rares à vouloir décoller. Pierro nous rassure: pas d’obligation de voler dans ces conditions, si on ne le sent pas on vole pas et on ne sera pas facturé. Le reste du groupe se prépare, moi j’attends. Les premiers décollent, enfin le vent se redresse avec un vrai créneau et on voit d’un coup une escadrille de bi décoller. Je me dépêche d’aller me préparer: finalement ça décolle tranquille et on peut faire 3 bon vols avec pas mal de gaz pour travailler. Moi je travaille surtout les virages engagés, sortie chandelle avec conduite pour éviter le roulis et tempo de l’abattée. Je suis au top coté droit,. Sur le deuxième vol, je perds la radio en début de phase d’exercice – je n’avais pas bien sécurisé le réglage du volume et avec la radio dans le sac étanche, je ne peux pas récupérer le son rapidement. Du coup j’essaie de refaire les exercices déjà fait mais déconcerté par l’absence de la radio, je n’engage pas assez les virages et c’est pas très probant. J’ai quand même testé un peu le point de décrochage assymétriquement même si j’ai du mal à ne pas partir en rotation vu l’amplitude de débattement.

Troisième vol: je commence par le test de point de décrochage symétrique du coup. Sur l’alpha 7, il est bas et avec beaucoup d’effort et ça me permet de voir toute la plage de vitesse: je n’avais jamais volé aussi lentement. La première tentative on relache un peu tôt, d’autant que mon axe de vol ne facilite pas la lecture pour Nico au sol. La deuxième tentative, je perce et ressent bien le ramollissement des commandes. Je me remet bien bras haut et contre l’abattée que me surprend par sa rapidité – à la vidéo on verra que je suis un poil en retard. Heureusement avec une voile en A pas de fermeture et je peux refaire une tentative. Ce coup-ci c’est moi qui relâche aux sensations juste avant de percer même si Nico pense que j’aurai pu aller un peu plus loin. Exercice réussi maintenant je sais à peu près où est mon point de décrochage et les sensations quand on décroche. Sur la deuxième partie du vol je retravaille les virages engagés sortie chandelle mais coté gauche cette fois et c’est beaucoup plus compliqué d’autant que supportant moins bien l’accélération (fin de journée? coté gauche moins supportable?) j’ai tendance à faire un contre assez fort ce qui me fait sortir rapidement.
On débriefe la journée en vidéo en dégustant bières et glaces: Je retiens en particulier la difficulté à garder une position de pilotage cohérente avec les cocons et les conseils de Nico d’adopter une position sécurisé en cas d’incident même avec le cocons: jambes pliées et ramenées sous le corps, dos rond, cela permet en particulier d’éviter de se retrouver allongé sur le dos pendant le décrochage et de diminuer le risque de twist. A noter aussi que la mise en marche arrière semble plus facile si le décrochage se fait d’abord d’un côté puis de l’autre (de mémoire je crois que c’était Thomas qui a testé les deux versions).

Le lendemain météo vraiment pas bonne: vent de cul au déco, pluie à l’horizon, gros cums qui perturbent l’aérologie et surtout vent de sud qui nous contre pour aller à la zone d’exercice. Du coup on est les seuls sur le déco, fait rare à la Forclaz. On attend. Moi qui ai du mal à courir vite, je ne suis vraiment pas motivé. Trois membres de la team décollent quand même mais contrés par le vent de sud, ils arrivent bas dans la zone d’exercice en ne peuvent faire qu’un tiers des exos habituellement possibles. Du coup on finit par abandonner d’autant que les nuages de pluie s’approchent. Nico et Pierro passeront tout de même la fin de matinée avec nous et on se séparera après le déjeuner et sa délicieuse tarte aux framboises. Journée non facturée même pour ceux qui ont volé: c’est vraiment classe de la part de Way-Up parce qu’il y ont passé du temps quand même. Nico conclut par un petit briefing sur le travail des exercices en autonomie sur du dur, ça motive pour aller faire des ploufs!
Au final, on reste tous sur notre faim, frustré de ne pas avoir pu travailler autant qu’on aurait voulu mais content tout de même d’avoir eu une vraie bonne journée d’exercice. Du coup je suis très motivé pour rempiler et après hésitation entre le format 2 ou 3 jours, j’opte pour 3 jours parce qu’à la réflexion, il y a beaucoup d’exercices à faire et qu’il faut vraiment répéter les exercices pour acquérir les bons réflexes.
Moi qui était un peu sceptique, je suis maintenant complètement convaincu de l’utilité de ces stages pour améliorer sa sécurité et dès la semaine suivante j’en ai eu la confirmation en stage cross. L’un des participants, le meilleur du groupe, s’est pris une grosse fermeture frontale en arrivant au plafond d’un thermique. Il n’a pas bien compris ce qui s’est passé, s’est retrouvé ballotté sous sa voile pendant plusieurs secondes avant qu’un mono lui dise “bras haut” et qu’enfin tout rentre dans l’ordre. Même au débrief, malgré le questionnement très suggestif des monos il ne comprenait pas ce qu’il s’était passé: en fait, sentant les commandes “molles” suite à la fermeture, il avait baissé les bras pour retrouver du contact mais du coup avait provoqué un décrochage dont il ne sortait pas car les commandes étant molles il maintenait les mains trop basse. C’est l’intervention du mono à la radio qui a permis de débloquer la situation en sécurité. Avec un SIV, d’une part il aurait su qu’il faut laisser voler la voile après une frontale et d’autre part, il aurait pu identifier le décrochage tout seul et en sortir tout seul. A noter qu’il volait avec une voile en A et donc n’a pas eu d’abattée trop forte en sortie de décro. Au final plus de peur que de mal mais sans mono ça aurait pu dégénérer.
J’ai également été très rassuré sur la sécurité de l’exercice. Les vidéos de “vracs de la semaine” donnent une image très biaisée des SIV. En fait, ces incidents sont extrêmement rares et même si nous ne réalisons pas les exercices parfaitement du premier coup, la progression se fait sereinement et aucun de nous ne s’est retrouvé confronté à une situation de perte de contrôle.
Enfin mon impression est également qu’il est préférable de faire son premier SIV avec du matériel débutant, cela permet d’apprendre les exercices avec des voiles qui pardonnent plus et donc avec plus de marge de sécurité. On l’a vu en particulier pour les sellettes cocon qui rendent certains exercices beaucoup plus difficiles.
Donc je recommande d’aller faire un SIV dès que l’on commence à voler régulièrement en condition thermique et à chaque changement de matériel et j’espère qu’on pourra organiser à nouveau un SIV pour le club car c’est quand même mieux avec les copains.
Article rédigé par Christophe B. (Alpha 7).