J’ai fait un stage Wingmaster

Et non, derrière ce titre « pute-à-clic », je ne vais pas parler de Wingmaster.

En réalité, j’ai fait un accompagnement Mental et Parapente avec Jérôme Canaud, qui s’est fait dans le cadre d’un des stages Wingmaster, en collaboration avec Lucas Le Courtois d’Air Aventure Académie.

Mais revenons un peu en arrière, j’ai commencé le parapente il y a 2 ans avec une pratique pas toujours régulière : Beaucoup de vols aux beaux jours et rien pendant les 5 mois d’hiver.

Je volais quasiment toujours sur le même site et dans des conditions calmes du matin.

Fin 2020, je me suis interrogé sur ma progression : les potes avec qui je vole ont plus progressé que moi. Ils enroulent du thermique alors que je ne fais que des ploufs et je ne me sens pas à l’aise en l’air quand ça « bouge ».

J’identifie que le problème vient plus du mental que de la technique :

  • beaucoup de stress avant de décoller
  • un premier vol toujours compliqué
  • des temps de réactions trop long en l’air pour profiter des ascendances

Des membres du club ont fait un stage avec Delphine Pile et leur retour d’’expérience me conforte sur mon besoin de travailler rapidement le mental.

Voici d’ailleurs, leur excellent article : Retour d’expérience sur une semaine de parapente pas comme les autres

C’est donc pour le passage à une nouvelle décennie que mes proches m’offrent un accompagnement complet avec Jérôme.

Tout débute par 1h30 de visio pour faire le point sur mon profil et mettre en place plusieurs éléments à travailler :

  1. Bien séparer les phases :
    • la think box : j’analyse avant le vol
    • la play box : je suis dans l’action en vol
    • la memory box : je capitalise après le vol
  1. Travailler le tangage différemment : on part sur une rotation avec max 1 tour. Quand ça accélère on relâche la main intérieure en restant penché dans la sellette et on freine l’abattée qui arrive.
  2. Faire un « body check » en vol : faire le point sur ce que l’on ressent et son état physique. Ça permet de se rendre compte que l’on est tendu et de se décontracter.
  3. Se fixer des objectifs de processus et non de performances : faire tel ou tel exercice

Avec cette visio j’ai appris beaucoup de chose mais je dois avouer que c’est parfois compliqué de les mettre en pratique seul.

Arrive fin Juin la date du stage.

Je pars avec mon van direction St Hilaire du Thouvet. Nouveau site, nouvelle équipe pédagogique et quand même un peu d’appréhension de rencontrer Jérôme en vrai.

Le premier jour on fait le point sur nos pratiques et sur nos objectifs. Nous sommes 5 stagiaires avec des profils assez différents. Certains ont plus de vol et d’autre moins que moi mais tous sont à l’aise dans les thermiques. Je sens que je vais devoir sortir de ma zone de confort.

Les premiers vols arrivent vite. Ils servent à juger de notre niveau. Je sens déjà le stress monter.

Premier déco sur la piste en synthétique de St Hil. Ça ne se passe pas trop mal. L’attéro est moins bien car à force de voler toujours au même endroit j’ai du mal à estimer mon angle de descente sans mes repères habituels.

Deuxième vol, j’ai toujours beaucoup de pression. Le déco est assez plat au début avec une grosse cassure après. Je comprends mal une consigne et relève beaucoup trop les mains en sortie. La sanction est immédiate, retour à la pente en glisse sur l’herbe. Je freine tout ce que je peux pour m’arrêter avant la clôture et la voile raccroche : me voilà en l’air. Jérôme est bien veillant et me dit de me concentrer sur le reste du vol. On débriefera le déco au sol.

Grâce à ce conseil j’arrive à me remettre dans ma « play box » pour aller le long des falaises. Ça bouge déjà pas mal et je reste assez loin du relief. Pour que ça bouge moins, Jérôme me conseille de freiner plus ma voile. Moi qui pensais qu’il fallait toujours voler bras haut. Je descends les mains à la poitrine et miracle, c’est beaucoup plus confortable. Je tiens un peu en l’air mais moins que mes collègues. Le principal, j’ai découvert que je pouvais plus jouer sur l’amplitude des commandes sans risques et que ça me changeait la vie en vol.

Mon exercice pour le 2ème jour est de couper le « télémarketing » dans ma tête pour réduire le stress avant vol. Tout au long de la monté et en arrivant sur le déco, Jérôme me répète de raccrocher ce « télémarketing ». Le ton est sec mais bien veillant : il faut couper.

Les vols se passent bien. Quelques exercices simples à base d’oreilles et d’accélérateurs loin du relief. Les mots de Jérôme et de Lucas sont toujours positifs pour renforcer ma confiance en mon savoir-faire.

Pour le troisième jour, changement de site et direction Montlambert puis Chamoux. Premier déco face voile pour moi. Je l’avais bien travaillé en gonflage mais je n’avais jamais eu l’occasion de pratiquer en vrai par manque de vent ou peur de déranger au déco. En l’air c’est exercices de sortie de rotation avec du tangage (voir pt 2 de la visio). Ça se passe plutôt pas mal même si c’est timide. Maïs je prends l’attéro vent de dos. J’ai mal lu la manche à air. Les collègues font aussi des boulettes en l’air.

Nous prenons donc tous la première « brasse » de la semaine. Jérôme et Lucas nous expliquent, avec fermeté et toujours de la bienveillance, que nous devons faire le point sur notre fatigue, y être attentif et surtout l’exprimer. C’est tout bête mais ils ne sont pas dans nos têtes.

Pour temporiser on change de site pour Chamoux. Le site est un peu particulier car on doit sortir d’une vallée en longeant le relief avant de pouvoir atterrir. Tous le long du cheminement le long de la crête, je suis encouragé et renforcé positivement. Je commence à bien intégrer le principe des box et surtout de la « play box ». Je suis vraiment dans l’action et non dans l’analyse durant mon vol.

Je break après la pause déjeuner car je me sens fatigué pour un 3ème vol. Tout le monde accepte mon choix avec bienveillance sans jugement.

Arrive le 4ème jour du stage et au programme plusieurs exercice dont la fermeture asymétrique et le test de plané.

Je commence par l’asymétrique. Comme je n’ai que 2 avants (le principal et le kit oreille), le brief est de prendre le kit oreille et de le claquer fort pour fermer la voile. Je dis donc à Jérôme que finalement c’est comme une grosse oreille. Il me reprend toujours sur ce ton sec mais bienveillant : « Non, tu vas faire une fermeture et pas une oreille ». Je ne dois pas chercher à esquiver mentalement ce qui va arriver.

Je décolle avec un peu de « télémarketing » dans la tête mais j’arrive à raccrocher assez vite en me mettant dans ma « play box ». Le début de l’exercice se passe comme prévu et effectivement il ne se passe pas grand-chose en faisant cette fermeture avec un seul avant. Là, Lucas me dit de prendre tous les avant de droite dans la main et de recommencer. J’ai un moment d’hésitation parce que forcément ça va fermer plus cette fois. Comme je suis dans la dynamique et que j’ai confiance en lui je m’exécute. Finalement, j’ai tellement surcontré à la sellette que ma voile a tourné à gauche. Moralité, une fermeture asymétrique ce n’est pas si anxiogène et ça vol super bien comme ça avec la bonne action de pilotage.

Nouvel exercice, le test de plané. La consigne est simple, je dois aller le plus loin possible en vallée, faire demi-tour et me poser avec ¼ de tour seulement pour m’aligner en finale. Exercice plus compliqué qu’il n’y paraît et qui me fera bien prendre conscience des barrières mentales. En effet au milieu de la vallée il y a une rivière longée par l’autoroute. Bien évidement je fais demi-tour au-dessous alors que je pouvais aller beaucoup plus loin. Mentalement je ne voulais pas me retrouver dans la zone de l’autre côté pour ne pas être « enfermé » alors que j’étais très haut.

Je débute le 5ème jour par un nouvel exercice de plané à St Hil. Cette fois je réussi ou je me vache mais j’irai loin.

En sortie de déco, toujours les mots positifs de Jérôme qui me propose de profiter des conditions calme et de ce vol en ligne droite pour lâcher les commandes. Je ne l’avais pas fait depuis mon stage init. Je redécouvre cette sensation de se laisser voler.

Je suis déjà loin de l’autre côté de la vallée, largement au-delà de l’autoroute, quand Lucas me dit qu’il serait temps de faire demi-tour. Il me confiera après qu’il me donne l’info quand il pense que je ne rentrerais pas au terrain. J’ai bien le temps d’estimer mon angle de plané et je me dis que ça peut le faire mais juste. Par chance une bulle salvatrice se décolle d’un champ d’herbes sèche au moment où je passe. ¼ de tour à droite et posé sur le terrain.

Le deuxième vol est consacré aux ascendances le long du relief. Je ne suis pas encore totalement à l’aise mais je tiens et je commence à y prendre goût. Je suis plus bas que le groupe mais je me bats pendant 35min pour tenir. Mon objectif, ne pas poser le premier. Je lutte de partout jusqu’à ce qu’une voile se mette en approche. Objectif réussi.

Nous changeons de site pour aller à Aiguebellette. Le premier vol est un vol de reconnaissance. On profite du paysage et on découvre l’approche. Arrivé en bas je suis bien fatigué par le stage et je m’interroge sur le dernier vol avec un déco à 16h quand ça va être un peu plus punchy.

Au final, je décide d’y aller, la pause déj m’a permis de faire le plein d’énergie et je ne voudrais pas rater ce vol qui promet d’être magique.

Beaucoup d’attente au déco, beaucoup de sketch également et Jérôme qui me redit encore de raccrocher le télémarketing. J’arrive à ne pas lui laisser de place mais il appelle encore et toujours. Je décolle enfin. Un déco hyper propre. Tout de suite Jérôme est sur mon dos pour que j’aille dans les thermiques. Il me pousse et sa voix est plus directive que d’habitude. Il veut que je sois dans l’action et ne me laisse pas le temps pour réfléchir. Ça monte, timidement mais ça monte.

Après de longues minutes à batailler pour enrouler, je commence à sentir la fatigue et un peu de tension à cause de toutes les ailes autour de moi. Je décide de profiter de ma hauteur sol pour aller voler vers le lac et en prendre plein les yeux pour ce dernier vol.

C’était sans compter sur Jérôme qui était en vol avec nous et qui me dit (m’ordonne ?) de le suivre le long du relief. Nous longeons la montagne le long du lac mais quand lui monte, au mieux je zérote. Je fais demi-tour vers l’attéro mais je suis piqué au vif de ne pas avoir réussi à le suivre car j’étais trop loin du relief. Je fais le retour au raz des sapins pour essayer de reprendre un peu de gaz et me prouver que je peux le faire. Finalement Jérôme me demandera de m’éloigner un peu car je n’ai plus de marge.

Un vol final de presque 40 min qui m’aura permis de mettre en pratique ce que j’ai appris :

  1. Être dans la play box dès le décollage
  2. Voler plus lentement quand ça bouge et globalement adapté son régime de vol à la situation
  3. Raccrocher le télémarketing
  4. Accepter ses peurs sans vouloir les contrer. Elles ne prendront plus autant d’importance

Après cette expérience, je sens vraiment que j’ai franchi un pas. Il me reste encore beaucoup de travail mais je me mets en l’air quand ça bouge (ça permet de faire la grasse matinée) et le bip-bip du vario n’est plus anxiogène mais motivant.

Si comme moi, vous ressentez que le blocage est plus mental que technique, allez faire un stage avec Delphine ou Jérôme ou d’autres spécialistes sur le mentale dans le parapente (je ne les connais pas tous).

N’hésitez pas à venir en discuter avec moi et (surement) ceux qui ont fait le stage de Delphine. Ça change la vie en l’air de passer ce cap.

Bon vol à tous.

Alex