Merci Xi Jinping, ou Montclar 3750
Cet excellent week-end a commencé avec l’invitation de Nicolas pour Roquebrune. Je dis pourquoi pas !
Hélas, en raison “d’un déplacement officiel d’une personnalité”, une ZIT apparaît tout autour de Nice pour les 24 et 25 mars 2019. Du coup ça complique les plans, et tout le monde ne peut pas poser 2 jours en semaine pour décaler le WE.
Au final, merci Xi Jinping, car nous partons sur Montclar pour un sacré WE !
Rapidement, nous comprenons que les conditions s’annoncent plutôt bonnes. Meteo-parapente annonce des plafonds à 3000m, mais de l’est est aussi au programme…
Vendredi:
Départ de Lyon tôt avec Lucas, on change de voiture à Grenoble pour embarquer avec Augustin qui a un break fort pratique !
On retrouve les bivouaqueurs Elodie et Nicolas à l’attéro plage. Ils sont arrivés la vieille, ce qui leur permet aussi de tester leur matos avant le grand départ pour l’Amérique du sud…
Après un petit égarement à Selonnet pour se renseigner sur son déco. et notre logement, on décide d’aller au déco. de Montclar malgré l’est annoncé en altitude et sur les balises loin autour.
Il y’a de nombreux planeurs sur la crête.
La brise de pente est là mais c’est bien marqué travers Nord, probablement l’est qui contourne le relief. On décolle quand même, y’a des bulettes mais la masse d’air n’est pas très cool. Au final ça ne valait pas le coup, on est un peu déçu par rapport aux prévisions. Les planeurs nous narguent.
On se rabat sur Saint Vincent les Forts pour la fin de journée. Et là c’est beaucoup + sympa !
Il n’y a pas grand monde mais on croise une tête connue : Simon qui a craqué pour une Enzo !
Il nous montre où enrouler, ça tient une bonne heure en l’air.
Mais à 18H, fin du soleil et rentré d’est, c’est l’extinction instantanée, on n’a même pas le temps de poser à l’attéro officiel. On pose à la plage, et face à l’Est ! Très surprenant par rapport à la brise habituelle.
On s’installe dans un joli chalet juste sous la petite station de ski de Selonnet.
La table à peine installée, Gildas, Jérémie et Thomas nous rejoignent comme prévu.
Apparemment la masse d’air au Grand Raz ne valait pas le coup n’ont plus de décoller, hein Jérémie 😵 !
Les cuistos font à manger pour un régiment, 2 rounds de méga-burgers. Qu’est-ce qu’on est bien !
Samedi :
Les warriors décident de faire un rando-vol tôt le matin pour décoller du haut des pistes de Selonnet. Les crampons furent visiblement bien utile à ceux qui en avaient, mais toute la troupe arrive au sommet.
Décollage et… Jérémie et Lucas enroulent déjà du thermique à 2600+ vers 11H du matin ! Rappel on est en juste en mars, je trouve ça ouf !
Lucas décide de longer une crête et va se vacher loin de la civilisation. Avec Gildas on s’approche en voiture mais il faudrait un 4×4, on l’attend 30-40min et on en profite pour grignoter notre repas bien mérité après le ménage du matin.
Puis on file à Saint Vincent les Forts, histoire de ne pas refaire l’erreur de la veille.
Je fais un peu de gonflage sur le déco, il n’y a personne et ce n’est pas encore trop alimenté. Le reste de l’année ce n’est pas la même. Jérémie décolle et prend immédiatement un thermique, il part sur le relief à gauche du déco. pour aller raccrocher le Fort de Dormillouse et faire un joli vol !
Je décolle juste après avec Gildas et… rien ! C’est la bataille pour rester au dessus du déco.
On essaye devant, au bout du relief, à gauche du déco, … plus aucun thermique. On ne monte jamais bien haut, la brise est forte.
Après 1H de concentration à proximité du relief, je profite d’un poil plus de hauteur pour aller reposer à l’attéro, qui est juste à côté du déco. sur ce site.
Gildas s’accroche et fera tout dans son vol de 3H30+ : lutte dans les basses couches, rester patient, point très bas, enrouler du thermique léger/fort, point haut, sketch, … bref un vol à la Gildas !
Les conditions s’installent enfin, les quelques ailes en l’air commencent à remonter. J’ai eu le temps de souffler bien 30min, parfait c’est reparti ! Je décolle alors que ça devient fort, en me faisant soulever au déco d’ailleurs.
Et immédiatement j’enroule avec Augustin, ça remonte à 1600m et on part à gauche.
Mais là ce n’est pas gagné, c’est le passage difficile du vol, il faut enrouler des petits thermiques et rester où ça porte, rester patient. Une Mentra nous fume littéralement en passant pile ou il faut et en enroulant très serré le petit thermique de service. Ce n’est sûrement pas la première fois que ce pilote vol ici !
Je finis par passer au dessus de la forêt, ça devient facile, et c’est magnifique. De la neige, du gaz, yes ! J’avance vers le fort de Dormillouse et un thermique fort me monte à 3060m, mon premier 3000m !!
Le soir, chacun donne son altitude max. Gildas est monté à 3200m, waouh ! Et Jérémie a fait un plafond à … 3790m !!! Dingue, il dit même que ça montait encore plus haut mais bon ça caille là-haut. Je suis un peu abasourdi par ces chiffres, mais en tous cas bien content d’avoir fait mon premier 3000m !
Le soir, Lucas nous gâte avec un asado Argentin : un barbecue à cuisson lente. Il a prit soit d’acheter de la viande importée d’Argentine, autant dire qu’ils nous régale. On s’installe autour du feu pour l’apéro., superbe soirée et nourriture délicieuse.
Dimanche :
Le matin 2 courageux refont la rando-vol de la vieille, tandis que les autres s’affairent à ranger et nettoyer l’appartement.
Après la remise des clés, on file à Montclar en récupérant les 2 sportifs au passage.
Vers 11H les conditions s’annoncent déjà sur-fumantes, il y’a des bons cumulus bourgeonnant ici et là.
Séance pic-nique improvisée avec les restes.
Puis 2 groupes :
– certaines décident de monter à pied
– tandis que d’autres prennent le télésiège avec toutes les ailes
Arrivé au déco : quasi pas de vent. Enfin si parfois ça rentre fort. Mais pas si longtemps que ça. Et tout s’explique :
2 ailes perf. décollent vers 14H. Elles ont du mal à rentrer dans le thermique du relief devant, il y’a littéralement un mur de thermiques très costaud devant.
On décide d’attendre un peu, la masse d’air ne semble pas évidente.
30min après, un autre pilote décolle et nous montre que la masse d’air semble bien plus “installée”.
Je décide d’y aller. un peu d’air, go ! Ça bouge en sortie de déco., normal je suis sous le vent des thermiques. Je rentre dans le mur, le vario bip de plus en plus fort. Je me fais catapulter à 3000m illico !
Et là dingue : j’enroule un thermique avec un planeur au dessus du fort de Dormillouse ! Il y’en a même plusieurs. A la fois stressant et magique. Mon Syride affiche des instantanés à +5m/s.
A 3400m je décide de partir sur la crête direction l’Aiguilette comme la veille.
En m’avançant sur la crête, je trouve un super thermique qui me monte de 2680m à 3500m en 5min à peine :
Puis je vois un nuage se former juste au dessus, j’avance tout droit et ça monte tout seul. Je commence à sentir les effets du manque d’oxygène, combinés à la montée rapide. Je me force à respirer à pleins poumons et j’essaie de me détendre.
Le nuage me monte à 3750m waouh !!!
Et ça montait encore. Les nuages sont au dessus de moi, mais ça caille 🥶 + attention à l’hypoxie 🥴.
Je profite du paysage avec une longue descente. Mais je fais des erreurs de placement et je me retrouve dans des dégeulantes ou sous le vent de la combe. Arrivé au dessus de la combe, je tente la transition depuis 2600m, mais je rencontre de sérieux varios négatifs qui ne s’arrêtent pas… A mi-chemin, je me rends compte que ça ne va pas être possible, je décide de me rapprocher du relief. C’est la descente aux enfers, dans le venturi de la combe…
Je fini par mettre le 2ème barreau pour rejoindre les champs car je suis bien contré. Je suis à 1630m, soit 260m sous le déco de Montclar, le sol n’est plus bien loin… Ça sent vraiment la fin du vol. Je me dis que je vais poser loin de l’attéro officiel avec un vol en demi-teinte. Non STOP les mauvaises pensées!
Puis les bons neurones ont enfin dégelés : mais oui la brise vient se jeter sur la face qui est à ma gauche. Je suis sorti de la dégeulante, j’ai même repris quelques mètres, je tente le coup en partant à gauche où il n’y a que des arbres. Mais au pire j’ai le temps de venir poser dans un champ, si je ne suis pas trop contré… Et… ca fonctionne !
Ça monte tout doucement avec des varios à moins de 1m/s. La montagne est grande autour de moi. Mais ça peut le faire. Je reviens sur la face qui m’a monté à 3500m avant et je cherche l’entrée du thermique et … bingo ! Thermique très généreux qui me remonte de 2100m à 3470m. Je repasse exactement dans ma trace.
Il faut rentrer maintenant. Je rattrape un pilote, on est fortement contrés.
Je sors l’accélérateur assez appuyé et je m’éloigne du relief. Ca monte encore généreusement par endroits, même accéléré.
J’aurais bien tenté le Morgon, mais trop contré à mon goût pour rester proche relief, et ma remontée des enfers m’a demandé de l’énergie. Le Morgon sera pour une autre fois. Je suis déjà très content de pouvoir poser à l’attéro. officiel.
Durant tout mon retour, je vois un nuage qui se décharge en pluie au dessus du lac d’Embrun. C’est scénique.
Fort gradient à l’attéro. La manche à air s’inverse pile dans ma finale et je me fais surprendre : roulé boulé sans gravité. La prochaine fois je sortirais le train d’atterrissage plus tôt…
Les autres pilotes posent à l’attéro officiel dans les minutes qui suivent.
Tout le monde est là, sans incident ni récupération compliquée, heureux.
Il n’y a plus qu’à engloutir les kms pour rentrer sur Lyon…
J’ai la banane et l’adrénaline me tient bien eveillé tout le retour.
Quel week-end ! Et nous ne sommes qu’en Mars !