La Colombie
Elodie et Nicolas du club sont partis de France en mai 2019 pour un voyage d’un an en Amérique du Sud, et ils ont emmenés les parapentes !
Sachant leur arrivée en Colombie fin décembre, nous sommes plusieurs – Isabelle, Jérémie, Mickaël et Thibault – à les rejoindre pour 3 semaines dans la Valle del Cauca, véritable eldorado du parapente à cette période. On se retrouve au complet le 31 décembre 2019 à Cali.
Voici nos 3 semaines, à destination d’autres parapentistes en quête de voyage. Nous sommes passés par :
- Cali
- Piedechinche
- Roldanillo
- Jardín
- Medellín
Des écoles de parapente proposent des voyages en Colombie chaque année. Ne pas hésiter à les contacter si vous cherchez un cadre organisé et avec des moniteurs français.
Si vous partez par vos propres moyens, peut-être que cet article vous aidera. Il y’a de nombreux sites de vols dans la vallée, voici notre aventure :
Cali
Cali, caliente ! Surtout pour le réveillon: musique à fond dans chaque habitation, et toutes fenêtres ouvertes 🎶
Découverte du climat équatorial : grosses températures et averses (très) localisées l’après-midi ! Du genre on charge un taxi sous des trombes d’eau, et 150m plus loin c’est sec ! Cela dit, on est en tee-shirt toute la journée, même le soir 🙂
Les taxis sont petits, c’est donc challenge tetris avec nos sacs 6 parapentes et nos valises, même s’ils ne coûtent pas chers.
On est directement plongé dans l’ambiance avec la visite du marché géant Alameda très coloré et avec quelques petits restaurants très bons. On découvre les jus de fruits naturels 🥤 à la mangue (jugo de mango), maracuya, mûre, fraise, … hmm délicieux. Il faut préciser si on veut à l’eau (el agua) ou au lait (con leche).
On n’a pas réussi à trouver de cours de salsa en raison de la date, mais Cali est LA ville ou danser ! Et boire du rhum avec des morceaux de citrons vert salés, trop bon !!
Pas grand chose à dire niveau parapente, à part que vous passerez sûrement par le Cali Bus Terminal 🙂
Piedechinche
Après ce passage rapide à Cali pour fêter le nouvel an, on file sur le premier site parapente : Piedechinche. Sur les faces ouest légèrement au nord de Cali, c’est un excellent site pour tous niveaux.
Nous avons seulement utilisé le décollage Batará Mirador, pratique d’accès depuis notre logement, les autres étant un peu plus loin.
Le site de vol
- Décollage facile et herbeux, très bien entretenu
- WC avec vue imprenable sur la vallée 😋
- Grand atterrissage accessible en finesse. Dénivelé de 620m
- Quelques vaches au déco. ou à la l’attéro., ça donne du charme sans vraiment gêner
- Conditions calmes le matin et en fin de journée
- Conditions cross la journée avec bon potentiel
- Pas mal de rotation avec les biplaceurs, transport plutôt facile bien que les décos. soient uniquement atteignables en jeep ou à pieds
Pour venir
Les bus n’étant vraiment pas chers, on prend un bus qui nous emmène de Cali à Palmira, puis un second bus sera nécessaire pour rejoindre Batará Mirador. Coup de bol après une bonne attente, il nous emmène directement, sinon il faut envisager d’enchaîner avec des taxis pour la fin.
Logement
On loge à Batará Mirador De Parapente. Je recommande fortement car :
- la vue est magnifique, voir exceptionnelle
- le déco. est 300m au dessus, à ~30min de marche
Effort impensable pour les colombiens, ils nous encouragent à gros coup de pouce !
Mais le matin, le soleil ne tape pas encore donc ça fait une petite randonnée pour réveiller les muscles 🙂
Sinon, possibilité de prendre une jeep (on dit “willy’s”) en stop lors d’une rotation des biplaces, pour une modique somme.
- les hôtes très sympathiques
- les prix sont très corrects
Spécificités
Comme tous les décollages de notre séjour, l’accès est payant.
Mais bon 8000$ (pesos colombien) pour toute la journée, soit 2.16€, ce n’est pas vraiment un problème ^^
En revanche, on ne peut pas en dire autant des moustiques/moucherons à l’attero. L’antimoustique n’a pas suffit à Piedechinche, rien de mieux qu’un pantalon malgré les températures…
Le site à beau être une face ouest, ça marche assez tôt en thermique : dès 11H-11H30.
On a pu faire quelques premiers petits cross bien sympa, et même commencer à s’amuser en vol de plaine sous les nuages.
(clic pour lancer la vidéo !)
De bons nuages avec une base grise sont présents dès 9H30-10H !
Mais il ne sont jamais montés trop haut. C’est impressionnant, le ciel est juste parfait pour du vol de plaine. Au cours de notre séjour, il n’y a pas eu de sur-développement, juste quelques averses en fin de journée.
Les varios ne dépassaient que rarement les +4 dans la vallée. Mais bon ça c’était en janvier 2020 lors de notre voyage :-p
Les 2 autres sites parapente que nous avons visités sont plus techniques et compliqués.
Du coup, Piedechinche me semble être l’idéal pour voler serein avec un petit niveau en thermique.
Roldanillo – BGD Weightless 2020
BGD Weightless 2020
On avait prévu de voler à Roldanillo, juste entre nous.
Coïncidence heureuse, dans l’avion transatlantique londres->bogota, je vois un mec avec un tee-shirt BGD, alors je lui demande si il est pilote. Il me dit oui, et qu’il est aussi l’organisateur d’une compétition à Roldanillo : BGD Weightless 2020
Il me présente cette compétition fun et ouverte plutôt aux classes EN-B et EN-C et on échange nos emails. Ça tombe plutôt bien pour les dates, ça semble super, l’organisation comprend le transport et l’accès au déco, le repas du midi, le briefing, la récupération, le débriefing… quasi 100 pilotes pour 1 semaine, allez go on s’inscrit avec Mickaël ! Aucun regret, ce fût excellent.
Première compétition pour moi, découverte des concepts d’une “task” ou manche : enchaînement de balises par lesquelles on doit passer, horaire de start, configuration de XCTrack, … On nous file un tracker qui enregistre le vol et leur donne des infos en temps réel sur notre position.
Le but n’est clairement pas la gagne (surtout vu mon niveau et mon matos), mais de voler en groupe, de rester haut, d’essayer de passer un maximum de balises, et surtout de s’amuser !
Etre lourd est habituellement avantageux en compétition. Cette année ils essaient d’équilibrer le poids des pilotes avec le concept de MRT : Multi-Radius Turnpoint. L’idée est d’interdire tout lest (dangereux), et faire des balises au diamètre variable suivant le PTV, pour rétablir les chances des petits poids. La vidéo explicative :
(http://www.vimeo.com/385042521)
Par exemple, j’étais en classe 2, tandis que Mickaël était en classe 3. Ce qui veut dire que je rajoutais 200m au rayon de chaque balise MRT, tandis que Mickaël rajoutait 300m sur son instrument. Autrement dit : je devais faire 100m de + que Mickaël pour aller valider une balise MRT. (et encore 100m de + suivant où est la prochaine balise)
Roldanillo
On décollera tous les jours d’Aguapanela, le plus haut mais aussi le plus loin des plaines.
El Pico est juste devant.
Clairement, les décollages de Roldanillo sont des décollages CROSS engagés :
- Face EST
- “A Roldanillo, ça passe en finesse quand ça marche” disait-on en rigolant le soir
Autrement dit : le premier champ n’est PAS atteignable en finesse. Il faut trouver du thermique. - Océan d’arbres, de bananiers et autres plantations, dans des pentes raides, sans possibilité de vachage.
- 2 énormes lignes électriques plutôt sur les bas reliefs
- L’atterrissage officiel de La Pista est à 10km du déco, en plein milieu de la vallée ; il faut savoir vacher (dans les plans de cannes à sucre) car il est loin.
- Il faut décoller avant 12h car après ça passe cul au décollage (brise du pacifique)
- Un seul vol possible dans la journée (le temps de remonter, c’est cul au décollage)
C’est pour ces raisons que plusieurs pilotes du groupe ont choisi de ne pas décoller ici, car ils recherchaient seulement des vols cool.
Note: il n’y a pas trop d’activités touristiques en dehors de siroter des jus de fruits et manger des empanadas à Roldanillo. Donc prévoir bouquins ou autre pour vos proches non-parapentistes :p
Mais bon, si ces points ne vous font pas peur, et que vous êtes fan de thermiques et de CROSS, c’est un site exceptionnel, et la plaine marche incroyablement bien. Ce n’est pas pour rien que le mois de janvier accueillait 3 compétitions avec des pilotes du monde entier une semaine après l’autre :
- BGD Weightless 2020
- Open Roldanillo 2020 primera válida nacional
- British Winter Open
Pas d’attero. en finesse, donc il ne faut pas attendre d’être bas pour sortir des montagnes, sous peine de se retrouver bloqué par les lignes électriques. D’ailleurs ça marche bien au dessus de la ville. Plusieurs fois, je me suis retrouvé bas au start, en dehors du cylindre… et finalement j’ai retrouvé des thermiques devant pour remonter et revenir dans le cylindre.
Logement
Attention pour les logements : les bons plans sont pris d’assaut plusieurs mois avant en période de compétitions. Ayant réservé à la dernière minute, on a trouvé un logement (pour 5) à … la piscine municipale, ce qui était pas mal pour la détente d’après-midi, mais le rapport qualité/prix n’était pas là hélas.
La compétition
J’essaierai de faire un autre article pour raconter notre compétition BGD Weightless 2020 et les vols qu’on a réalisés. En tous cas, les start à 100 pilotes au nuage sont magiques.
Les résultats :
https://airtribune.com/bgdweightless2020/
Edit, la vidéo:
Jardín
Jardín est un charmant village situé à 1800m et entouré de montagnes.
Compter environ 3H30-4H de bus depuis Medellín, la liaison étant bien desservie.
En revanche, pour aller de Ronaldillo à Jardín, il faut prévoir 3 bus pour 11H de trajet et ne pas louper les correspondances. C’est l’aventure avec nos gros sacs, mais on l’a fait !
Le dernier bus (riosucio->jardin) passe sur un sentier de terre qui monte à 2900m avant de redescendre sur la ville. On a ressorti une veste et une capuche là quand même !
Parmi les activités que nous avons fait à Jardín :
- Visiter un petit parc avec des oiseaux et des plantes très jolies
- Visiter une plantation de café. On a même récolté nous-même et effectué toutes les étapes !
- Manger de la truite (élevage sur place)
- Visite de l’église
- Du tuk tuk !
- Boire des jus de fruits !
- Du parapente
Jardín en parapente
Jardín est à priori réputé pour du soaring facile entre 10h et 16h. Hélas les conditions aérologiques n’étaient pas propices lors de notre passage. Il faisait beau mais pas mal de vent en altitude (voir détail aérologique + loin).
L’idéal est de se mettre en relation avec la boutique parapente du coin, notamment pour la montée et l’accès au déco. Il faut ~35min de montée en jeep sur un chemin bien caillouteux : ça secoue !
Un biplaceur local nous a amené à l’atterrissage au préalable : fort utile ! Il est technique car pas très gros, et au fond de la ville donc ça déclenche. Sinon ça va, le déco est facile mais il ne faut pas négliger qu’on est déjà à 2300m !
Ça marche très bien entre le décollage et le petit relief avant la ville. On imagine facilement que toute la chaleur de la ville glisse contre ces reliefs, et donne des conditions idéales.
En dehors du bocal, l’aérologie semble beaucoup plus compliquée à évaluer : les montagnes sont impressionnantes autour et le village est encaissé mais tout de même en altitude. Il n’y a qu’à regarder une carte : on est en plein milieu de la cordillère. Tout autour, ce sont des pentes raides avec des arbres ou plantations de café.
Je suis monté jusqu’à 2700m et j’étais encore protégé du vent, mais un biplaceur local à fait passer le message de ne pas monter trop haut. Un phénomène d’onde est possible quand la brise de la vallée de la cauca prend le dessus sur celle des pentes de Jardin. On est alors potentiellement dans le rotor sans forcément le savoir. N’ayant pas envie d’un gros cisaillement ou de me faire embarquer dans la vallée d’à côté, j’ai préféré rester dans le bocal. Sur XContest, on peut voir que la majorité des vols à Jardin font moins de 10km, c’est dire…
Medellín
Avant de rentrer en France, nous visitons 1 jour Medellin. C’est une grande ville, le retour à la civilisation urbanisée est un peu brutal. Mais on a le temps de visiter 2-3 lieux sympas.
Nous logeons dans le quartier touristique el Poblado, les logements et restaurants font chics et européens, les prix aussi. Ça ne nous empêchera pas de faire un restaurant spécialisé dans l’avocat, de l’entée au dessert ! Miam !
On va voir les sculptures de Botero exposées sur la place du même nom. Puis, direction la Comuna 13 :
Comuna 13
La Comuna 13 était dans les années 1990 une zone stratégique du trafic de drogues et d’armes. Il n’y a donc pas si longtemps, ce quartier était considéré l’un des plus pauvres et les plus dangereux de Medellin, et donc du monde… Je vous passe les détails glauques, mais même la morgue ne venaient pas dans ce quartier, trop dangereux.
Alors pourquoi diable aller visiter comuna 13 ?
Suite à une opération militaire gouvernementale sanglante en 2002 – l’opération Orion – très controversée, une “pacification” militaire est organisée. Raid de plusieurs jours, dizaines voir centaines de morts, nombreuses victimes collatérales, puis “disparitions forcées”…
Puis le gouvernement Colombien se décide à aider activement la Comuna 13 pour réhabilitier le quartier. Un gros effort financier permet la mise en place des escaleras electricas. Ces escalators qui ont rendu plus accessibles certaines parties de la comuna 13. Création d’une bibliothèque publique avec des accès gratuit aux livres, aux ordinateurs et à l’internet ; aide pour l’éducation des plus jeunes ; importante aide sur le développement des arts et de la culture pour sortir les jeunes de la violence et de l’illégalité.
Le street art se développe avec d’impressionnants tags sur de grands murs, ou devrais-je dire tous les murs ! Certaines fresques sont magnifiques. Il y’a aussi des spectacles de hip hop.
L’endroit est devenu très coloré et plein de vie.
C’est dorénavant l’un des plus grands succès de la ville, devenu un incontournable du tourisme, en tous cas de jour. Il est fortement recommandé d’éviter la nuit là-bas, la misère reste palpable dès qu’on sort du circuit des touristes.
Retour à Cali
Les billets d’avions étant un allé-retour (c’est moins cher), on devait redescendre à Cali…
L’astuce : bus de nuit Medellín -> Cali ! Prendre l’option siège premium, ça vaut vraiment le coup (siège cuir ultra large et qui se bascule quasi à l’horizontal). De mémoire on a fait 23H – 10H. Réserver ses places au moins la veille, notre bus était plein !
Au Cali Bus Terminal, on peut laisser ses sac à la bagagerie le temps de visiter la ville.
Autres considérations
- Les colombiens sont supers gentils et chaleureux mais ne parlent pas anglais. 1 hispanophone par groupe fortement recommandé !
- Carte SIM : coûte moins de 15€ pour 3-4G avec l’opérateur Claro (excellente couverture). Enregistrement un peu compliqué, se faire aider.
- De nombreux bus ont du wifi gratuit
- Passer voir un centre de vaccinations avant votre départ (fièvre jaune, hépatite a, palu)
- L’antimoustique (deet 50%) n’a pas suffit à piedechinche, rien de mieux qu’un pantalon malgré les températures